Définition :
Le biofeedback, ou rétroaction biologique, peut être défini comme étant
– « un groupe de procédés thérapeutiques qui utilise une instrumentation électronique ou électromécanique pour mesurer, traiter et représenter, sous forme analogique ou numérique,
– une information aux propriétés renforcées, sur l’activité neuromusculaire ou l’activité autonome (normale ou anormale) des individus au moyen de signaux sonores ou optiques (A. & A. Rémond).
Groupe de procédés thérapeutiques
Le biofeedback musculaire ou électromyographie globale (EMGG), basé sur l'enregistrement des potentiels électriques musculaires pour travailler sur le travail musculaire.
Le biofeedback dynamométrique, basé sur l'enregistrement mécanique de la force musculaire.
Le biofeedback thermique, basé sur l'enregistrement de la température.
Le biofeedback respiratoire, basé sur l'enregistrement des amplitudes de la cage thoracique et/ou des muscles abdominaux, ou sur celui des volumes d'air inspiré et expiré.
Le biofeedback électrodermal, basé sur l'enregistrement de la conductance cutanée.
Le biofeedback électroencéphalographique.
Instrumentation :
Les appareils utilisant uniquement des composants électroniques (appareillages informatiques, par exemple).
Les appareils fabriqués à partir de composants électriques et mécaniques (exemple : capteurs mécaniques + rampe lumineuse).
Mesurer :
Mesurer est donner une valeur quantitative à l’action faisant l’objet du biofeedback :
– force musculaire,
– température cutanée,
– volume d’air,
– etc.
Traiter :
Ce terme est à prendre ici au sens de traitement des signaux recueillis au niveau du ou des capteurs :
Amplification, pour rendre le signal visible et interprétable.
Filtrage, pour éliminer les signaux parasites.
Redressement, dans le cas de signaux électriques tels que l’EMG ou l’EEG, pour inverser une des deux phases du potentiel musculaire de telle sorte que la courbe devienne unidirectionnelle.
Intégration, pour convertir un signal analogique en une valeur numérique encore appelée valeur digitale.
Représenter sous forme analogique ou numérique :
La représentation sous forme analogique ou numérique consiste à utiliser le signal intégré pour exprimer les valeurs enregistrées en une information facilement compréhensible par le patient :
– échelle lumineuse,
– courbe fonctionnelle,
– représentation schématique ou symbolique,
– comparaison avec un objectif (courbe idéale) ou avec la ou les courbes précédentes,
– positionnement d’un seuil à dépasser, etc…
Type activités
Information aux propriétés renforcées
La valeur représentée fournie une information dont nous ne conservons que les caractéristiques significatives nécessaires pour guider le patient dans l’action qu’il entreprend.
Cette information peut même revêtir un aspect ludique ou tout au moins très incitatif.
Signaux sonores ou optiques
Ce sont :
– Pour les signaux sonores : une émission de bips ou d’un signal modulé en fonction de l’amplitude du signal enregistré. Exemple : plus la contraction est forte et plus le signal sonore devient aigu.
– Pour les signaux optiques : une échelle lumineuse, une échelle de diodes, un affichage sur écran, …
Types fondamentaux de biofeedback
selon que :
le patient traité utilise uniquement un appareillage qui lui fournit en temps réel les informations nécessaires à la modification ou à la validation de l’action qu’il cherche à contrôler.
le patient tient compte, en plus de ce dispositif, des informations et conseils fournis par une tierce personne : un observateur ou un thérapeute, présent au cours de la séance pour le guider sur la voie de l’amélioration ou du succès.
Biofeedback de premier type
Le patient est informé du pourquoi et comment de la technique de biofeedback devant l’aider à améliorer le contrôle de l’action recherchée : contraction et / ou relâchement musculaires, travail dans une amplitude articulaire donnée, mise en jeu d’un système sphinctérien, etc…
Le patient doit appréhender le traitement avec une motivation suffisante pour comprendre le fonctionnement de l’appareillage afin de l’utiliser sans aucune crainte.
L’appareillage indique au patient, en temps réel, l’évolution de l’action entreprise en la comparant ou non à un objectif prédéfini.
Le patient progresse par lui-même au cours de la séance à travers une succession d’erreurs et de réussites dans la réalisation de son action.
Biofeedback de deuxième type
Tout en utilisant l’appareillage comme dans un biofeedback du premier type, le patient peut être guidé par une tierce personne, thérapeute ou non, dont le rôle peut se résumer en quelques points :
– Choisir les techniques et protocoles de traitement qui ont le plus de chance de conduire au succès pour un patient et un état (pathologique ou non) donnés.
– Choisir l’appareillage et son paramétrage en fonction du degré de perception et d’assimilation du patient.
– Favoriser le conditionnement du patient par une aide incitative.
Biofeedback de deuxième type
Le soutenir dans son effort de contrôle.
Solutionner les problèmes rencontrés, soit par une explication, soit par un ajustement des paramètres de traitement en fonction du patient et des résultats obtenus.
Suggérer au patient une ou plusieurs stratégie(s) de façon à aboutir le plus rapidement et le plus efficacement possible à l’objectif fixé.
Veiller à ce que cette stratégie et l’objectif fixés aient la même signification quantitative et qualitative pour le patient et pour le thérapeute.
Biofeedback de troisième type
Certaines écoles décrivent un troisième type de biofeedback en élargissant le champ d’actions et de rétroactions à l’environnement socioprofessionnel et familial :
nous mettons alors les pieds en pleine thérapie comportementale !
Traitement classique
l'interaction habituelle qui existe entre le thérapeute et son patient pose parfois quelques problèmes :
– la plupart des praticiens appuient leur traitement sur l'observation et la palpation ;
– ils donnent une instruction au patient, observent sa réaction, évaluent le résultat puis renvoient une nouvelle instruction au patient (qques secondes)
Traitement classique
Pour le praticien : difficulté de contrôle direct de l'activité, vitesse d'analyse, ...
Pour le patient : difficulté d'interprétation de termes tels que "essayez plus fort", "relâchez davantage", et tous ces termes et critères non spécifiques et paradoxalement peu "parlants", vitesse de compréhension ...
L'intérêt d'un traitement en biofeedback repose donc à la fois sur :
la vitesse à laquelle la boucle recueil d'information -> analyse -> envoi d'une nouvelle instruction est effectuée.
l'adéquation entre :
– la forme de l'information renvoyée au patient.
– l'activité contrôlée.
– les capacités intellectuelles du patient.
– son état psychologique.
Intérêts
La prise de conscience topographique
Chez certains patients, les muscles profonds ou non contrôlables visuellement comme les muscles du plan postérieur ne s'inscrivent pas correctement dans leur schéma corporel. Le biofeedback peut alors les aider à les localiser en leur renvoyant l'image d'une face cachée de leur corps. S'ils ignorent totalement les éléments à contrôler, la prise de conscience peut se réaliser selon deux approches différentes :
– par une répétition du couple [électrostimulation - biofeedback]. L'électrostimulation permet alors de faire percevoir au patient la zone à travailler et le vécu de la contraction recherchée.
– par un travail dissociatif, en contrôlant en biofeedback les muscles ciblés ainsi que leurs agonistes. Lors des premiers instants un travail global est effectué, puis le patient apprend à éliminer les muscles synergistes pour ne plus réaliser qu'un travail sélectif.
Intérêts
Le contrôle action - repos
De nombreuses pathologies neuromusculaires présentent dans leur tableau clinique un défaut de la capacité de relâchement après une contraction pouvant conduire à la fatigue, le spasme ou la contracture musculaire.
Chacun sait que ce relâchement segmentaire n'est pas facile à faire percevoir au patient persuadé qu'il est parfaitement "décontracté" ... sauf en biofeedback !
En effet, en sensibilisant progressivement l'appareil, nous pouvons en biofeedback aider la patient à différentier les phases de contraction - relâchement et ce, de façon de plus en plus subtile.
Ce qui est bien utile aussi dans le domaine du sport pour éviter toute dépense énergétique inutile.
EMG
Intérêts
L'évaluation sélective du niveau de performance :
Que ce soit une performance musculaire (force) ou articulaire (amplitude), l'aspect purement quantitatif du biofeedback permet un suivi de son évolution à court (séance) ou à long (traitement) terme. Les possibilités d'enregistrement que présentent les appareillages actuels facilitent grandement cet aspect.
La relaxation
En permettant de mettre en évidence le relâchement musculaire, le biofeedback est un excellent moyen d'optimiser les résultats obtenus au cours d'une séance de relaxation ; que ce soit par biofeedback musculaire, thermique ou sphygmomanométrique.
Limites
Le manque de contrôle qualitatif
En quantitatif, nous contrôlons la force mais :
– non la façon dont elle est dispensée dans le temps.
– non le ratio [durée de contraction : durée de repos].
– non la durée de chacune des phases du mouvement.
L’effet escalier
– Nombre de diodes
– Rampe informatique
Aspects qualitatifs
Objectifs du traitement
prise de conscience de la localisation et de l'existence des deux groupes musculaires.
travail analytique du premier groupe sans participation du second.
travail selon un protocole préétabli définissant les paramètres de mise en tension des fibres musculaires, du maintien de la contraction, du relâchement, du temps de repos ;
ces paramètres étant variables dans le temps
Indications
Céphalées
Biofeedback thermique.
Biofeedback EMG frontal.
Techniques associées : training autogène , méditation.
Maladie de Raynaud
Biofeedback thermique.
Biofeedback EMG.
Biofeedback pléthysmographique.
Techniques associées : training autogène, traitement comportemental, relaxation.
Pathologies du système neuromusculaire
• Système musculaire strié
• Biofeedback EMG.
• Biofeedback manométrique.
• Biofeedback goniométrique.
• Techniques associées : rééducation neuromusculaire classique, électrostimulation.
Séquelles d'accidents vasculaires cérébraux
• Biofeedback EMG.
• Techniques associées : rééducation neuromusculaire classique, relaxation, thérapie comportementale.
Incontinence urinaire
Biofeedback EMG.
Biofeedback sphygmomanométrique.
Techniques associées : électrostimulation, rééducation classique, traitement comportemental.
Incontinence fécale
Biofeedback EMG.
Biofeedback sphygmomanométrique.
Techniques associées : électrostimulation, rééducation classique, traitement comportemental.
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